FASCISME ET COLONIALISME
La question palestinienne a remplacé » la question juive « . …non l’abolition de l’injustice, mais son transfert…L’état du peuple élu n’était rien d’autre qu’une vulgaire société de classes, où s’étaient reconstituées toutes les anomalies des vieilles sociétés…En Israël, elle liquide pour une longue période toute opposition au sionisme, et dans les pays arabes c’est le renforcement des couches les plus réactionnaires. Chacun des deux camps suivait sa propre pente : la bureaucratie arabe, celle du mensonge et de la démagogie, les maîtres d’Israël, celle de l’expansion impérialiste…(Internationale Situationniste. Octobre 1967)
L’enclave de Gaza a remplacé le ghetto de Varsovie. Il est vrai, tempéré par les droits de l’homme spectateur. Arafat-Barak sont les champions de la paix armée dont l’autre face est la guerre à la paix réelle entre leurs peuples. Pour Sharon, Jérusalem paraît grande ; Arafat la trouve aussi grande qu’elle paraît. Le roi Faysal fût assassiné pour avoir exprimé son intention d’aller prier à El Quoqs libéré; Arafat le sera sûrement, de l’avoir fait dans El Quoqs occupé…Le plus grand danger pour Israël, est devant nous…Rabbin est mort, assassiné, peu de temps après ces étonnantes paroles dans la bouche d’un homme aguerri aux combats. Dans l’instrumentalisation d’Israël, du » peuple juif » , par le Spectacle, la paix ne figure pas aux programme des ordinateurs de William Clinton et Hillary Bush. Militairement, Israël est la presque-île des Etats Unis au Proche Orient.
Du bon usage de la comparaison en matière historique: la mise en résonance du nazisme avec certains événements (horreurs de Sadam, de Milosevic,.. .) est médiatiquement payant; avec d’autres (atrocités américaines, colonialisme, politique israélienne,…) au contraire, elle signifie exclusion instantanée et anathème (révisionnisme, négationnisme). La mémoire, n’en déplaise à certains, impliquant la comparaison, on peut certes, dans l’autre sens, comparer la situation à Gaza et celle du ghetto de Varsovie qui sont effectivement apparentées par certains traits mais par certains traits seulement et non par d’autres (en particulier les Palestiniens ne sont pas destinés à être déportés et exterminés même si l’on met tout en oeuvre pour leur rendre la vie infernale et les pousser au départ) mais à tout prendre la comparaison entre Israël et l’Afrique du Sud de l’apartheid (et en particulier entre Gaza et Soweto) est bien plus pertinente même si là encore compte tenu de la spécificité des différentes situations historiques l’analogie ne saurait être totale. De même on peut toujours comparer Sadam (quitte à reprendre la bonne vieille recette stalinienne du trucage de photos en raccourcissant convenablement sa moustache comme un magazine américain l’a fait en couverture) ou Milosevic à Hitler ou dans l’autre sens Clinton à Hitler: on trouvera toujours des analogies, réelles ou fantasmées. Cependant en ce qui concerne Clinton et le Kosovo (plus de deux millions de macchabées sur lesquels pèse un rigoureux devoir d’oubli), une comparaison avec De Gaulle et le Biafra serait parfaitement justifiée, notamment en ce qui concerne la manipulation impérialiste des minorités nationales et l’argumentaire autodéterminationiste et humanitariste. Quant à l’événement qui possède le plus de traits communs avec l »‘Holocauste » ces dernières années et même peut-être depuis la guerre, c’est sans doute le génocide rwandais (même s’il en diffère profondément par les méthodes employées: bureaucratiques et industrielles dans un cas, « artisanales » et impliquant une très grande partie de la population dans l’autre, et par les motivations plus politiques, dans le cas rwandais, qu’idéologiques, le but et les passions invoquées restant cependant les mêmes) supervisé depuis Paris par le très- démocratique-et-très-respectable-président François Mitterrand. La seule manière, répétons-le, de pouvoir établir la spécificité d’un événement est la méthode aristotélicienne: la comparaison (ce que Korsch a également appelé la spécification historique). N. B.: Notons que Mitterrand entre deux livraisons d’armes aux Hutus trouva moyen, le 10 juin 1994, de prononcer un discours sur le devoir de mémoire à Oradour-sur-Glane, ville-symbole-de-la-barbarie-nazie…
Plus de 50 ans après » Plus jamais ça « , fixer la vision qu’en ce lieu, ce moment historique du point de vue spectaculaire: » génocide juif « , c’est une victoire de ce fascisme! au seul profit des capitalistes et des Etats qui rongent le monde en le dominant.
L’essence du fascisme c’est la contre révolution, celle du nazisme la colonisation.