La transformation de la production capitaliste sous l’influence des sociétés par actions exerce une influence dissolvante sur la production capitaliste elle-même. Elle provoque dans certaines industries le monopole et appelle ainsi l’intervention de l’État. Elle fait surgir une nouvelle aristocratie de la finance et une nouvelle catégorie de parasites sous forme de faiseurs de projets, lanceurs d’affaires et directeurs purement nominaux ; en un mot, tout un système de filouteries et de tromperie ayant pour base le lancement de sociétés, l’émission et le commerce d’actions. C’est la production privée sans le contrôle de la propriété privée.

Mais cette expropriation, qui est l’aboutissement de la production capitaliste, dont le but est d’enlever aux producteurs isolés les moyens de production pour les transférer aux producteurs associés, revêt en même temps dans la société capitaliste l’aspect opposé, puisqu’elle est le renforcement de la propriété aux mains de quelques-uns et que le crédit intervient sans cesse pour faire de plus en plus de ceux-ci de simples chevaliers de la chance.

La propriété étant représentée par des actions, son mouvement et sa transmission se font par des’ opérations de bourse, dans lesquelles les goujons sont avalés par les brochets et les moutons dévorés par les loups. Bien qu’elle soit déjà en opposition avec l’ancienne forme, où le moyen de production social se présente comme propriété individuelle, la valeur en bourse, l’action ne sort pas du cadre de la production capitaliste, car elle ne fait que représenter sous un autre aspect l’opposition entre les deux caractères de la richesse, propriété sociale d’une part, propriété privée de l’autre.

Si le crédit est le levier principal de la surproduction et de la spéculation à l’excès, il en est ainsi parce que le procès de reproduction, naturellement très élastique, est forcé à l’extrême, ce qui est dû à ce que une grande partie du capital social est appliquée par des individus qui n’en sont pas propriétaires et qui s’en servent avec bien moins de prudence que les capitalistes produisant avec leurs propres capitaux. Les entraves et les limites immanentes que la mise en valeur du capital oppose à la production dans la société capitaliste, sont donc continuellement brisées par l’organisation du crédit, qui accélère le développement matériel des forces productives et la création du marché mondial, base matérielle de l’avènement de la nouvelle forme de production(le spectacle de Debord). La dissolution de l’ancienne forme est d’autre part activée par les crises, dont le crédit accentue la fréquence…..il en devient image.