24 novembre 2024

LE CLAVECIN DE DIDEROT

L’ignorance sur l’organisation est l’ignorance centrale sur la praxis; et quand elle est ignorance voulue, elle n’exprime que l’intention peureuse de se tenir en dehors de la lutte historique, tout en affectant, pour les droits de l’homme et du  » citoyen « , d’aller se promener à Gênes en spectateurs avertis et exigeants…

Aussi longtemps que n’auront pas été détruites les conditions générales de la longue période de l’histoire qui l’a vu naître, la théorie critique n’aura pas à être changée: ce sont les conditions de sa réception qui doivent l’être. En effet, le seul changement d’importance dans le spectacle, c’est sa continuité même. Cette importance ne réside pas dans le perfectionnement de son instrumentation médiatique mais dans le fait, très simple, que la domination spectaculaire ait pu élever une génération pliée à ses lois. Les conditions extraordinairement neuves dans lesquelles cette génération, dans l’ensemble, a effectivement vécu, ont pour conséquence essentielle une transformation policière de sa perception. L’expérience du totalitarisme marchand l’a si bien dépouillée de toute expression et de toute compréhension spontanée que, si elle n’avait pas de ligne officielle pour la guider, elle resterait pour ainsi dire sans voix, incapable d’articuler ses idées et d’exprimer avec justesse ses sentiments.

La novlangue spectaculaire lui fournit, précisément, un instrument grâce auquel il lui est presque impossible de se tromper.

Actuellement les mots sont morts et la langue est semblable à un cimetière, les mots sont accrochés de façon mécanique à la chose et entre eux sans que, à nul moment, on n’en vienne à interroger le mot lui-même, sa pertinence, sa valeur, sa beauté même. On ne ressent pas, en effet, ce qui est coutumier, on ne le voit pas, on le reconnaît; la novlangue apparaît déjà familière, comme si elle avait depuis toujours été là. Elle veut faire oublier qu’elle vient d’arriver et elle y réussit d’autant mieux que les jeunes n’ont pas de point de comparaison.

Le spectacle peut ainsi s’attacher à réaliser son utopie: que la langue se déroule, pour ainsi dire, sans aucune intervention de la part du sujet parlant. Dans l’univers du discours public, où les nouvelles générations ont baigné depuis leur plus jeune âge, apparaissent ainsi, pour ses points névralgiques, des propositions analytiques qui se justifient par elles-mêmes et qui fonctionnent comme des formules rituelles, quasi-magiques. Imposées sans cesse à l’esprit de celui qui les reçoit, elles vont bientôt l’enfermer dans le cercle des conditions prescrites par la formule. Des termes tels que « liberté », « égalité », « démocratie », « paix » impliquent, analytiquement, un agencement spécifique des attributs qui invariablement apparaissent quand le mot est écrit ou parlé. Si le discours transgresse cette structure analytique close, il commet une erreur, ou c’est de la propagande. La parole publique est un déplacement de synonymes et de tautologies; elle ne recherche jamais en fait la différence qualitative. Le concept ritualisé est ainsi immunisé contre la contradiction. Seule l’analyse des rapports existant entre certaines notions peut faire apparaître que ce qui semblait relever, de façon a- historique, d’une liaison analytique a priori (qui semble aller de soi, dont le contraire paraît absurde et contradictoire: par exemple le sens commun indique: l’URSS était un pays socialiste, et la proposition contraire: l’URSS n’était pas socialiste disqualifie immédiatement celui qui l’énonce, elle semble, tout au mieux, relever de la spéculation oiseuse) est en réalité le produit d’une synthèse historique.
On constate également que si les noms des choses sont indicatifs de leur mode de fonctionnement, leurs modes de fonctionnement (actuels) servent aussi à définir les choses, ils « enferment » le sens des choses et ce faisant ils excluent les autres modes de fonctionnement. Ainsi le nom de la démocratie et du communisme est indicatif du mode de fonctionnement de ce qui est désigné sous ce terme mais le mode de fonctionnement de ce qui est désigné sous le terme de démocratie et de communisme sert aussi à les définir, il « enferme » le sens de la démocratie et du communisme et ce faisant il exclue leurs autres modes de fonctionnement.
Un élément complémentaire de l’enfermement policier de la conscience, c’est la réception passive des messages par le spectateur télévisuel et la réduction de son esprit à l’état de magnétoscope. Il s’agit en effet de transformer sa cervelle en récepteur passif: celui-ci, à la manière d’une machine, enregistre les messages du pouvoir et les ressort à la demande sans qu’il y ait eu entre-temps un travail de réflexion. La télévision peut ainsi exhiber triomphalement des jeunes « lucides » qui, à la question « Que pensez-vous du communisme? » répondent fièrement « 85 millions de morts », montrant ainsi que justement loin d’avoir pensé quelque chose ils se sont contentés de recracher tels quels ce qu’ils ont entendu à la télé. Mais il est une autre conséquence de cette réception non réflexive: c’est que la diffusion de la vérité officielle n’a plus à s’accommoder d’un quelconque semblant de logique qui supposerait que le télé-spectateur soit capable d’avoir un recul par rapport à la parole du pouvoir et de faire jouer entre eux les différents messages qu’il reçoit pour juger de leur validité respective, conditions aujourd’hui abolies. On peut, par exemple, à l’occasion d’un reportage télévisé superposer imperturbablement les mensonges les plus éventés concernant le terrorisme italien: « sinistres années de plomb où la démocratie se trouva exposée aux assauts successifs de la terreur extrémiste de droite puis de gauche » (je cite de mémoire) et une manière discrète de lâcher le morceau en divulguant une information qui, à elle seule, fait voler en éclats la légende officielle: « le bâtiment dans lequel Aldo Moro avait été séquestré aurait appartenu aux services secrets », sans que, probablement, le télé-spectateur ne soit frappé par l’énormité d’une telle contradiction.

…J’étais bien jeune, et Dorothée a souillé mes haleines…

Une exposition aussi prolongée à l’instrumentation du spectacle se manifeste clairement dans les « conversations » des jeunes, pour la forme aussi bien que pour le contenu. Celles-ci sont dominées par ce que Jakobson a appelé la fonction phatique, c’est-à-dire par des messages servant essentiellement à établir, prolonger ou interrompre la communication, à vérifier si le circuit fonctionne, à attirer l’attention de l’interlocuteur ou à s’assurer qu’elle ne se relâche pas. Cela donne souvent lieu à un échange profus de formules ritualisées (« tout à fait », « dingue », « mortel »,…), voire à des dialogues entiers dont l’unique objet est de prolonger la conversation. La « communication » est alors réduite au simple contact entre émetteur et récepteur sans échange véritable, sans dialogue et donc sans possibilité de progression, de dépassement de la confrontation stérile entre ces deux termes abstraits et immobiles. L’effort en vue d’établir et de maintenir la communication est d’ailleurs typique du langage des oiseaux (d’où son surnom de canelangue); ainsi la fonction phatique est la seule qu’ils aient en commun avec les êtres humains. D’où la ressemblance frappante entre les « dialogues » des jeunes spectateurs et ceux des canards: les sons (« coin-coin », « c’est clair »,…) y sortent du larynx sans que d’aucune façon n’entrent en jeu les centres plus élevés du cerveau.

Le « Jeune », totalement dénué de convictions, ne fait ainsi que puiser automatiquement parmi les clichés dont sa tête est pleine pour trouver celui qui peut convenir à l’occasion. L’atmosphère intellectuelle est voilée par des généralités vagues et sans objet, par des opinions formées bien avant que les événements auxquels elles sont censées se rapporter n’aient eu lieu; on est oppressé par une sorte de stupidité publique envahissante, inapte à juger sainement les événements les plus élémentaires. Enfermés dans les mots du pouvoir les gens ne voient plus s’écouler le temps: rien de nouveau sous le soleil de la novlangue spectaculaire.

Le paradoxe est, justement, que l’idéologie de la nouveauté est au cœur de la société actuelle, qu’elle est à celle-ci ce que la race était à la fausse conscience nazie. Le plus nouveau, cependant, y est aussi le plus ancien. Il y a ici, comme partout ailleurs dans le spectacle, une scission entre la nouveauté apparente, socialement désignée comme telle, qui se caractérise par un rejet nihiliste du passé, une exaltation débridée du présent, et la nouveauté réelle, l’avant-garde qui, au nom d’un présent possible, lutte non contre le passé en tant que tel mais contre la domination de celui-ci sur le présent et, par conséquent, contre le présent inauthentique qu’elle engendre, et qui se trouve vouée par les Rosenberg de notre temps à la solution finale réservée aux « archaïsmes » intellectuels (« le style, la pensée, l’encadrement théorique et terminologique sont âgés. Ils restent murés dans ce volapük hégéliano-marxo-marcusien qui paraît de nos jours aussi démodé que le jargon de la scolastique médiévale. » Revel). Rien de plus significatif à cet égard, que l’usage qui est fait aujourd’hui de l’adjectif dépassé s’y mesure avec éclat l’extension de la logique marchande à la sphère de la pensée et de la culture. Dans le spectacle de la culture, les différentes marchandises se chassent l’une l’autre et réclament tour à tour l’attention et l’intérêt sans que ne soit réellement prise en compte leur valeur intrinsèque. Qu’il s’agisse de chaussures ou de livres, le consommateur s’identifie à la marchandise dans la mesure où elle permet de s’identifier au mouvement: sa principale peur est d’être hors du coup, de ne plus suivre le mouvement, d’être dépassé, ringard, archaïque, vieux, pas à la page, pas chébran, pas tendance, pas cool; d’où sa sollicitation inquiète sur la réelle modernité de ce qu’il achète:
…Est-ce vraiment tendance?…Oui?…vous en êtes sûr?…J’achète !…
Il faut reconnaître qu’une telle attitude se trouve corroborée par le fait que l’immense majorité des marchandises est soumise à un processus d’usure programmée qui rend effectivement ridicule l’attachement passéiste à la marchandise d’hier (Staline, Sagan, ou Godard) lorsque se trouve lancée une nouvelle marchandise(Sollers, Houellebec ou Zidane). Il en va tout autrement de la critique de la marchandise qui, à moins de se trouver dépassée suivant un processus d’enrichissement et d’approfondissement au contact de nouvelles réalités sociales, par une autre théorie critique (ainsi la critique du marxisme par les  » nouveaux philosophes  » a-t-elle réellement dépassé celle effectuée, par exemple, par Lukàcs ou Korsch?..), conserve aujourd’hui encore toute sa valeur. La formule imbécile « l’avant-garde, c’est dépassé » ne signifie en effet rien d’autre que le retour au conformisme, prétendu plus neuf parce qu’il revient de plus loin. Le dépassement réel de l’avant-garde est indissociable du projet de dépassement de la totalité sociale; comme critique et construction ouverte, qui constitue une alternative avec l’ensemble des réalités et problèmes, inséparables de la société existante.
Mais la critique de la marchandise est-elle vraiment tendance, Monsieur Anselm Jappe?
…embrasse la main que tu ne dois pas mordre…
Ce dépassement-là, la classe dominante le craint comme la peste, et depuis trente ans, depuis que Mai 68, l’échec le plus scandaleux et le plus terrible qu’elle ait subi depuis plus d’un siècle, l’a brusquement réveillée de sa léthargie, en esquissant les premiers pas dans une telle direction, elle n’a eu de préoccupation plus obsédante que d’en prévenir la réalisation.
Le retard et les hésitations de la classe dominée, les manœuvres et les manipulations des maîtres de la société leur ont permis de faire jouer le temps en leur faveur et d’en déterminer l’emploi; la succession des générations a, nous l’avons vu, fait le reste. L’axe rotatif de l’histoire ou plutôt de la contre~histoire a ainsi réussi à substituer l’arrière monde à la réalité, au point que le premier occupe seul le devant de la scène: l’ère du spectaculaire intégré est ouverte. Le spectateur intégré, successeur inconscient de l’économiste bourgeois, est celui qui, parce qu’iI n’a rien connu d’autre (ou qu’il s’est empressé de l’oublier) est foncièrement persuadé de la naturalité du spectacle, de sa non-historicité: si les vieilleries religieuses trouvent chez lui bon accueil, il a pour l’idée d’une autre organisation sociale le mépris de l’athée.
La domination a atteint une telle perfection que la possibilité de son renversement semble difficilement envisageable. Grande est alors la tentation de renoncer à l’action et de regarder la charogne pourrir, quitte à espérer que de là sortira peut-être une vie nouvelle. C’est oublier que, laissée à elle-même, la décomposition ne peut en venir à rien d’autre qu’elle même, c’est oublier que nous faisons nous-mêmes partie du cadavre et que regarder celui-ci pourrir, c’est se regarder pourrir. La question n’est pas: peut-on attaquer le spectacle mais: comment doit-on l’attaquer? comment déchirer le voile d’illusions du spectacle et percer le mur des apparences? faire surgir le temps?
Actuellement l’art est mort et le nouveau monde n’est pas encore né; les choses elles aussi sont mortes et nous avons perdu la sensation du monde. Nous sommes semblables au violoniste qui aurait cessé de ressentir son archet et ses cordes; nous avons cessé d’être des artistes dans notre vie quotidienne, nous n’aimons ni nos maison ni nos vêtements et nous quittons sans regret une vie que nous ne ressentons pas.
La création de formes nouvelles peut rendre à l’homme la sensation du monde, peut ressusciter les choses et tuer le pessimisme.

  • Pourriez-vous me dire ce que c’est que l’existence d’un être sentant par rapport à lui-même?
  • C’est la conscience d’avoir été lui, depuis le premier instant de sa réflexion, jusqu’au moment présent.
  • Et sur quoi cette conscience est-elle fondée?
  • Sur la mémoire de ses actions.
  • Et sans cette mémoire? Sans cette mémoire, il n’aurait point de lui, puisque ne sentant son existence que dans le moment de l’impression, il n’aurait aucune histoire de sa vie. Sa vie serait une suite interrompue de sensations que rien ne lierait.
  • Fort bien. Et qu’est ce que la mémoire? d’où naît-elle? D’une certaine organisation qui s’accroît, s’affaiblit et se perd quelquefois entièrement.
  • Si donc un être qui sent et qui a cette organisation propre à la mémoire, lie les impressions qu’il reçoit, forme par cette liaison une histoire qui est celle de sa vie, et acquiert la conscience de lui, il nie, il affirme, il conclut, il pense.
  • Cela me paraît. Il ne me reste plus qu’une difficulté! C’est qu’il me semble que nous ne pouvons penser qu’à une seule chose à la fois; et que pour former, je ne dis pas ces énormes chaînes de raisonnements qui embrassent dans leur circuit des milliers d’idées, mais une simple proposition, on dirait qu’il faut avoir au moins deux choses présentes, l’objet qui semble rester sous l’oeil de l’entendement, tandis qu’il s’occupe de la qualité qu’il en affirmera ou niera.
  • Je le pense; ce qui m’a fait quelquefois comparer les fibres de nos organes à des cordes vibrantes sensibles. La corde vibrante, sensible, oscille, résonne longtemps encore après qu’on l’a pincée. C’est cette oscillation, cette espèce de résonance nécessaire qui tient l’objet présent, tandis que l’entendement s’occupe de la qualité qui lui convient. Mais les cordes vibrantes ont encore une autre propriété, c’est d’en faire frémir d’autres; et c’est ainsi qu’une première idée en rappelle une seconde; ces deux-là une troisième; toutes les trois une quatrième, et ainsi de suite, sans qu’on puise fixer la limite des idées réveillées, enchaînées du philosophe qui médite ou qui s’écoute dans le silence et l’obscurité. Cet instrument a des sauts étonnants; et une idée réveillée va faire quelquefois frémir une harmonique qui en est à un intervalle incompréhensible. Si le phénomène s’observe entre des cordes sonores, inertes et séparées, comment n’aurait-il pas lieu entre des points vivants et liés, entre des fibres continues et sensibles?
  • Si cela n’est pas vrai, cela est au moins très ingénieux. Mais, si vous y regardez de près, vous faites de l’entendement du philosophe un être distinct de l’instrument, une espèce de musicien qui prête l’oreille aux cordes vibrantes, et qui prononce sur leur consonance ou leur dissonance. Vous recréez ainsi une distinction des deux substances.
  • Il se peut que j’ai donné lieu à cette objection que peut-être vous ne m’eussiez pas faite, si vous eussiez considéré la différence de l’instrument philosophe et de l’instrument clavecin. L’instrument philosophe est sensible; il est en même temps le musicien et l’instrument. Comme sensible, il a la conscience momentanée du son qu’il rend; comme animal, il en a la mémoire; cette faculté organique, en liant les sons en lui-même, y produit et conserve la mélodie. Supposez au clavecin de la sensibilité et de la mémoire, et dites-moi s’il ne saura pas, s’il ne se répétera pas de lui-même, les airs que vous aurez exécutés sur ses touches. Nous sommes des instruments doués de sensibilité et de mémoire. Nos sens sont autant de touches qui sont pincées par la nature qui nous environne, et qui se pincent souvent elles-mêmes. Et voici, à mon jugement, tout ce qui se passe dans un clavecin organisé comme vous et moi. Il y a une impression qui a sa cause au-dedans ou au-dehors de l’instrument, une sensation qui naît de cette impression, une sensation qui dure; car il est impossible d’imaginer qu’elle se fasse et qu’elle s’éteigne dans un instant indivisible; une autre impression qui lui succède et qui a pareillement sa cause au- dedans ou au-dehors de l’animal; une seconde sensation et des voix qui les désignent par des sons naturels ou conventionnels.

Où es-tu? le crépuscule éteint mon âme, ivre
De joie en tes délices; car à peine y a-t-il
Que je prêtais l’oreille, écoutant comme il joue
Le ravissant jeune soleil, tout débordant d’harmonies d’or,

Son chant du soir sur la lyre du ciel;
Vibrantes alentour collines et forêts retentissent encore,
Mais tout au loin, vers les pieuses nations
Qui l’honorent toujours, il est parti.

Or, l’homme, aujourd’hui, n’est plus qu’un instrument dont le spectacle est le musicien.

On a toujours devant toi joué les mêmes mélodies, fait entendre les mêmes harmonies. Sur le clavecin de ta cervelle, une note pincée en appelle une autre qui elle-même…
Tu ne fais que rejouer sans cesse la mélodie apprise devant le tube à con, sans qu’il te vienne à l’idée d’ajouter ou de retrancher de nouvelles notes, de changer leur ordre…
Le la dièse suit le mi bémol, le mot totalitarisme suit le mot communisme, le mot daté, dépassé suit toute exposition des idées concernant le communisme, les conseils, l’autogestion, la grève sauvage qui, du fait qu’on les a liés à une époque, aujourd’hui révolue, sont discrédités avant toute analyse interne.

Libérez-vous ! Brisez les associations toutes faites ! Livrées clefs en main, entre les mots, entre les concepts. Créez une langue nouvelle, inouïe, conçue pour voir et non pour reconnaître. Faites entrer en résonance les concepts les moins souvent rapprochés, les situations spectaculairement éloignées, que tel jour et telle heure ne soient plus synonymes de telle émission, telle date de telle festivité ou de telle « mobilisation citoyenne » (Journée du refus de la misère, de la femme, des homos, des travelos, des hermaphrodites, de la publicité, du refus de la publicité, du spectacle, du refus du spectacle,…), n’accrochez plus automatiquement les concepts et les penseurs à telle ou telle époque, Marx et Debord sont les penseurs les plus modernes, accrochez Marx à 2001 et BHL ou Furet au nazisme et au stalinisme …tuez le robot en vous !

L’homme doit re-ssentir le monde, et le re-ssentir par lui- même.